...
De profundis clamavi :
c'est le chant de la vie qui coule dans les veines,
la vie qui vient d'apprendre
à s'immobiliser.
De profundis clamavi :
le cri du bouc sur l'autel, sacrifié
rappel des temps anciens
au premiers âges du monde représenté
De profundis clamavi :
le sang qui s'effiloche
le sang qui crit qu'il veut être libéré
De profundis clamavi,
répète le sang contaminé.
Ruine de l'enfance,
lignes qui coulent et s'effacent,
comme l'instant : sans marquer.
Palimpseste veineux,
de mon sang rutilant
Palimpseste sans sens
et son venin latent.
De profundis clamavi
disent aussi les mains écartées,
les bras tendus, le Ciel muet.
Son silence cinglant et ma parole déséspérée
Phrase qui gronde,
sortie des limbes
et se refuse à s'expliquer
De profundis clamavi
dit le fruit rouge, trop mûrit
(goût amer de la vie qui va cesser)
Luxurieuse perfidie,
amour contagieux, vicié
Débauche de l'esprit : âme vendue au premier venu
et qui murmure,
depuis son fleuve rouge maudit
qui répète comme une prière
De profundis clamavi !
Mots amulettes et mots vains :
le mal est passé,
transmis
Maladie.
Maladie.
Je t'avais oubliée
mais mon sang le redit, ce mot étranger :
Maladie.
Non-dit qui dans les veines a coulé
et qui martèle aujourd'hui
cette phrase répétée
De profundis clamavi
sans plus rien espèrer.
...
(J'irai crier dans le désert)
...
La voix s'est tue
Le monde s'est fermé
On n'entend plus que le sang, sur les dalles sécher.
Le corps qui laisse sa sève s'échapper
trace une dernière fois
la parole autrefois ardemment proférée
(Les mots-totem de la fille oubliée
Les mots-totem de la femme contaminée)
Maladie, maladie
qui laisse ici couler
la grave parole répétée :
DE PROFUNDIS CLAMAVI
De profundis clamavi.
Mais je ne peux plus parler...
...
(Attendre le jugement dernier)
...
(£.)